Menu

L'EMPIRE POZZO: LA PASSE DE TROIS

Crédit: Marka / PanoramiC / G. Pozzo aux côtés de J-C. Blanc

Propriétaire de l'Udinese depuis 1986, la famille Pozzo a installé le club Frioulan parmi les valeurs sûres de Série A, à l'image de son bon début de saison. Elu meilleur président du Calcio en 2011/2012, Giampaolo Pozzo s'appuie sur une politique sportive exemplaire. Un modèle qu'il tente d'exporter à Grenade et Watford, clubs rachetés respectivement en 2009 et 2012.
C’est la spécialité maison dans le Frioul, acheter des joueurs à bas prix et les revendre plein pot. Inler et Sanchez ont ainsi obligé Naples et Barcelone à débourser 18 et 26 millions d’euros. De quoi faire de l’Udinese l’un des clubs les plus rentables d’Europe. Une stratégie qui oblige cependant à un constant renouvellement des joueurs. Pour cela, Pozzo compte sur son réseau d’observateurs, présent partout dans le monde. Mais Plutôt que de prêter des joueurs aux quatre coins du globe, (Alexis Sanchez a été envoyé à Colo-Colo et River Plate) Giampaolo Pozzo s’offre deux formations ou il peut, à sa guise, envoyer ses jeunes pousses en nombre. Un triangle amoureux gagnant-gagnant-gagnant donc, puisque les « filiales » profitent de joueurs sans mettre la main au portefeuille. L’Udinese, qui possède une centaine de joueurs, s’assure quant à elle que ses meilleurs éléments évoluent dans une formation professionnelle. En retour, les Frioulans n’hésitent d’ailleurs pas à piocher dans ces effectifs. Alexys Zapata, Molla Wague, Silvan Widmer, Allan, ou encore Gabriel Silva (Grenade) évoluent désormais du côté du Stadio Friuli.
Grenade pour faire ses armes
En 2009, le club andalou est au bord de la disparition et végète en Division 2b (troisième échelon). Sur les conseils d’Enrique Pina, Pozzo rachète le Granada CF, alors criblé de dettes. Après avoir épongé le passif du club, son homme de confiance, Quique Pina, est nommé Président du club. Agent exclusif des joueurs Frioulans en Espagne, c’est par lui que transitent tous les jeunes de l’Udinese. Une étroite relation avec la famille Pozzo qui en fait la clé de voûte de l’axe Udine-Grenade.
Dès la première saison, El Grana accède à la deuxième division. Le club enchaîne une seconde promotion consécutive et renoue avec l’élite, près de 35 ans après l’avoir quittée. Un succès dû aux nombreux joueurs de l’Udinese, venus prêter main forte. Onze la première saison, six la seconde, les jeunes pousses du Frioul redonnent vie à un club jusque là moribond. Leur salaire est entièrement pris en charge par la maison mère, et ces espoirs restent parfois plusieurs saisons au club, comme Nyom, prêté depuis l’arrivée au pouvoir de Pozzo.
Cette saison, Grenade ne compte « que » trois joueurs frioulans, Dimitrievski (gardien, 1 match), Nyom (défenseur, 11 matchs) et Sissokho (milieu, 8 matchs). Une tendance à la baisse, qui s’explique par le fait que Grenade profite de la cellule de recrutement de l’Udinese pour désormais acheter ses joueurs. Si le club ne cesse de progresser, il doit chaque saison attendre les dernières journées pour valider son maintien. Actuellement 16e avec un petit point d’avance sur la zone rouge, Grenade ne gagne plus depuis huit matchs et s’apprête à vivre, de nouveau, une saison agitée. Si les difficultés financières persistent, Grenade récolte les fruits de la politique Pozzo. Le club semble avoir atteint une certaine stabilité sportive et s’émancipe désormais de l’Udinese, qui l’a bien mis sur la voie.
Des Hornets piqués dans leur orgueil
Le procédé est identique avec Watford (Championship), acheté en 2012. Giampaolo Pozzo nomme Raffaele Riva, un de ses associés d’affaire, à la présidence du club. Dès la première saison 10 joueurs arrivent en prêt de l’Udinese, comme Abdi, Ekstrand, Neuton ou Vydra. La Yellow Army bénéficie même, outre l’appui des Bianconeri, de celui de Grenade. Depuis l’arrivée de l’Italien, huit joueurs sont arrivés du Frioul, et trois d’Andalousie. Certains comme Ighalo ont même évolué dans les trois formations. La boucle est bouclée.
Une stratégie qui pourtant, ne passe pas outre-Manche. Un débat éthique voit le jour, certaines équipes dénonçant une entorse à la règle. Car si la Ligue prévoit qu’un club ne peut se faire prêter que cinq joueurs par saison et en faire jouer deux simultanément, les prêts internationaux, comme c’est ici le cas, sont considérés comme des transferts. Rien d’illégal donc. De leur côté les supporters de Watford craignent pour l’identité de leur club. Pozzo affirme pourtant s’inscrire dans la durée et chercher à établir le club en Première Ligue. Comme en Andalousie, Watford bénéficie pour le moment de nombreux prêts grâce au réseau Italien, mais l’objectif est bien que les Hornets prennent définitivement leur envol après avoir atterri en Première Ligue.
Pourtant, après avoir manqué la promotion sur le fil en 2013, Watford stagne. Dans une mauvaise passe, le club reste sur quatre défaites consécutives et pointe au 7e rang de Championship. Plus inquiétant, Giampaolo Pozzo a déjà utilisé quatre entraîneurs cette saison. Dernière acquisition de la famille, l’ascension de Watford est donc moins fulgurante que celle de Grenade. Mais rien n’est joué, la sixième place est qualificative pour les plays-offs et Giampaolo Pozzo n’a pas encore perdu son pari, posséder trois clubs dans l’élite.
Vladimir CRESCENZO (@LePronographe)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire